On a trouvé notre school bus!

Voilà quelques semaines déjà que nous avons décidé de nous lancer. Acheter un school bus, ok, mais quel type, quel modèle? Et puis, vous vous y connaissez en bus d’école américains vous? Parce que nous, pas du tout! Mis à part le fait qu’ils sont grands et jaunes, on ne sait strictement rien.  Où ça s’achète un bus, d’abord?! Sous quelles conditions? Faut-il un permis spécifique? Quelles sont les obligations légales? Bref, il nous faut faire quelques recherches avant de pouvoir jeter notre dévolu sur le bon véhicule. En même temps, inutile de vous dire qu’Angy a déjà fait le tour des annonces sur Craigslist (équivalent local du Bon Coin) dans un rayon de 500 kilomètres à la ronde. Pas de temps à perdre! Elle a même repéré un bus d’une petite église locale, non loin de là. Mais c’est encore un peu tôt.

Contrat de cession signé, à Sacramento, devant chez Donnie

Après quelques lectures, on comprend vite que le projet d’achat est encore plus simple qu’il n’y paraît. Vive les États-Unis! Par exemple, à la question: faut-il un permis spécifique pour conduire un véhicule de 11 mètres et de 10 tonnes sur les routes? Vous l’aurez deviné, la réponse est évidemment non! Certains états obligent néanmoins à passer un permis spécifique pour les véhicules avec freins à air comprimé, mais ce n’est pas le cas de la Californie. Easy, peasy, comme ils disent. Thomas est déjà surexcité à l’idée de se mettre derrière le volant d’un tel engin. Avec un peu de recul, on pourrait se dire que des connaissances approfondies sur le fonctionnement des freins à air comprimé nous seraient utiles. Et ce, pour éviter, par exemple, de se retrouver sans freins, en pleine descente de montagne, sur la Transcanadienne, à Glacier National Park. Mais ça, c’est une histoire pour un autre épisode…

Nous avons déjà pris des décisions importantes sur le véhicule, taille, type, moteur, transmission. On commence à y voir plus clair. Nous nous orientons sur un bus long de 10 à 12 mètres. Il aura ce qu’on appelle localement, un dog nose, ou nez de chien en français, en opposition au flat nose, ou nez plat. Plus de charme! Et puis, il semble d’après nos premiers apprentissages que les réparations moteur sont plus simples à effectuer. En parlant de moteur, c’est assez difficile de naviguer parmi toutes les informations qu’on rencontre sur les forums. Et en plus, ça ne nous passionne pas. Il y a ceux qui parlent de Caterpillar comme d’une religion. Et pour d’autres, c’est Cummins… Pas évident de se faire un avis hors du prosélytisme ambiant. Il semblerait toutefois qu’un moteur soit assez consensuel. Il s’agit de l’International DT466. Il serait très fiable, si utilisé dans les spécifications, et pourrait être réparé sans être entièrement démonté, en faisant un “in-frame rebuilt”. Ça pourrait avoir son intérêt. Et nous n’avons pas encore conscience à quel point... Toujours est-il que ce sera notre premier choix. Cette histoire de moteur vous passionne? On s’en doutait. Parce qu’on peut parler de transmission maintenant. C’est le même schmilblick. On vous passe les détails. Mais Allison, ça n’est pas que ma copine à moi, c’est aussi la meilleure option sur le sujet. Alors, on garde ça en tête.

En théorie, nous avons maintenant de meilleures connaissances. En pratique, on est encore des newbies. On connaît les noms, mais ça ne va pas loin. Vous qui connaissez éventuellement la marque de votre moteur, savez, comme nous, que ça ne fait pas de vous des mécanos. C’est donc équipés d’épées de bois que nous nous engageons dans la quête du Graal.

Ça fait maintenant quelques semaines que nous avons commencé à scruter les annonces. Jusqu’ici, quelques listings ont retenu notre attention, mais pas de coup de cœur… Nous sommes sur la route du Lac Tahoe. Nous partons à Truckee passer le week-end dans le chalet de Jon et Cathie. Faisons un petit aparté pour vous les présenter. À l’origine, Jon est un partenaire de tennis de Thomas. Il est rapidement devenu un bon ami. C’est un grand bonhomme, typé asiatique, de quasiment deux mètres de haut. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne passe pas inaperçu. Il a une cinquantaine d’années. Il est souriant, généreux, bienveillant. Sa femme, Cathie, est relativement petite, menue, discrète au premier abord, avec un joli sourire sur le visage. Jon et Cathie organisent régulièrement des évènements chez eux à Mill Valley où ils invitent tous le gratin local, et où ils nous ouvrent, à tous, les portes de leur cuisine, et de leur cave de Tequila. Jon est un grand amateur de la liqueur Mexicaine, et possède plus de 30 bouteilles. Et quand il reçoit, il met toutes ses bouteilles sur la table au centre de la salle, et invite les gens à se servir. Voilà le genre de personnes que sont Jon et Cathie. Des gens d’une grande générosité. Fin de l’apparté. Nous sommes donc sur la route, et Angy scrute les annonces dans le coin. Ne sait-on jamais. Elle trouve alors une annonce d’un bus sur Sacramento, récente. Il n’est pas cher ($3,500) et il a les bonnes spécifications. Et puis, il a cette face carrée qu’on les bus plus anciens, moins profilés. On adore. On se décide à appeler. Le rendez-vous est pris pour dimanche 16 heures, sur le retour.

C’est après un super week-end dans les montagnes que nous arrivons à l’adresse indiquée au téléphone. On est dans la banlieue de Sacramento, dans la zone industrielle. Il est là, sur le bord de la route. Un beau bus jaune, avec un look d’enfer! On se gare à côté, et on commence à faire le tour. Très vite, quelqu’un se rapproche. C’est Donnie, le vendeur. Un type d’une quarantaine d’années, qui respire la bonhomie. On entame la discussion pendant qu’il nous ouvre les portes. On monte les trois marches et nous voici tous trois à l’intérieur. Déjà, il est haut, plus haut que d’autres, 1m95 environ. Ça signifie que Thomas tient debout. C’est un bon point. Donnie nous explique que c’est un bus qu’il avait acheté pour les week-ends et vacances en famille. Quelques rangées de sièges ont d’ailleurs été retirées pour faire de la place.

Quelques minutes passent et nous partons à présent le tester sur la route. La boîte de vitesses est automatique! On ne s’y attendait pas. Pour un bus datant de 1982, c’est assez incroyable. Donnie conduit les premières minutes avant de passer le volant à Thomas. Nouveau shoot d’adrénaline! On est en plein kif! Difficile de cacher notre émotion. Difficile aussi d’avoir un jugement rationnel sur le véhicule que nous sommes en train d’essayer. On s’y voit déjà. De retour, nous demandons à Donnie de laisser le moteur tourner pour jeter un œil sous le capot, Nous découvrons un moteur très propre, que les années semblent avoir laissé intact. Dessous, pas une trace d’huile. Jusqu’ici, tout est parfait! Thomas constate juste un tuyau flexible qui part du moteur vers l’arrière du bus. À la sortie de ce tuyau, quelques traces noirâtres sous le bus. On demande naturellement à Donnie ce que c’est. Tranquille, il nous explique que c’est l’évacuation de la vapeur d’eau du moteur. Si vous sentez quelque chose de louche en lisant ces lignes, votre esprit critique fonctionne correctement. Quant au nôtre, sur le moment, il est anesthésié par l’excitation. Bref, l’explication de Donnie fait sens. On se retire plus loin avec Angy pour délibérer. Ça prend bien 30 longues secondes pendant lesquelles nous essayons l’un et l’autre de jouer le jeu des acheteurs raisonnés. Mais vous l’aurez compris, point de raison sur le moment pour nous. On l’achète!

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C’est parti pour une séance effeuillage!

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