Le mort est vivant!

Déjà deux mois depuis le dernier article!  En plus, nous vous avions quitté sur un moment fort. Très fort! Alors, je vous vois venir… Non, nous ne faisons pas monter la sauce en essayant de partager avec vous le stress qui était le nôtre sur le moment. Mais il faut dire que depuis que nous avons découvert que le moteur était mort, beaucoup de choses nous sont passées par la tête. Comme vous vous en doutez, d’abord, ça nous a anéanti. Angy a d’ailleurs déclaré un zona. Sûrement pas un hasard que ça arrive maintenant. Puis, en reprenant progressivement pied, nous avons décidé que, non, nous n'abandonnerions pas Marcel à son triste sort. En tout cas pas sans nous être battus. Même si c’est une vieille carcasse métallique, il fait désormais partie de la famille. Il faut dire aussi que nous avons investi pas mal d’heures dans la conversion. Nous ne voulons pas y renoncer.

Vue du moteur International DT466 sans la culasse

Le moteur est mort nous dit-on? So what? Nous n’avons qu’à le réparer, ou le changer même. On remplace bien des cœurs humains par des piles électriques dans les salles d’opérations. Alors des engrenages et des pistons… Où est le problème? Alors, on se motive et on trouve une solution! C’est avec cet état d’esprit conquérant que nous avons commencé à appeler plusieurs garages. Bon, autant le dire franchement, nous avons vite réalisé que ça ne serait pas simple. Entre les garages qui ne prennent pas de bus en dehors des contrats-cadres de maintenance, et ceux qui ne veulent pas entendre parler de projets d’aménagement, loufoques, comme le nôtre, nous avons essuyé pas mal de refus. Pas moins d’une quinzaine. Mais le jeu en vaut la chandelle, alors on persévère. On multiplie les appels. Et on parvient enfin à recevoir quelques devis. Et, il y a un hic. 25,000 dollars! C’est le prix. Et c’est le même partout.  Soit huit fois ce que nous avons payé pour le bus lui-même. Rien que ça. Difficile d’envisager d’investir autant d’argent dans la réparation. À ce moment-là, on est un peu désemparés.


En parallèle de notre recherche d’un chirurgien cardiologue / mécanicien de la Silicon Valley qui soit bon marché (si ça vous semble impossible en le lisant, il en va de même pour nous à ce stade), nous avons beaucoup discuté avec la communauté des propriétaires de skoolies sur Facebook. Les prix qu'ils nous annoncent, eux, sont plutôt de l’ordre de la dizaine de milliers de dollars. D’où vient la différence? Très certainement de notre position géographique. Et vous de vous demander: Faudrait-il être fou pour entreprendre une conversion de bus ici, à l’endroit le plus cher des États-Unis? Probablement… Mais que faire?! Notre optimisme s'amenuise de jour en jour. On se couche sur cette pensée, avec peu d’espoir. Et puis, le lendemain, au hasard d’un ultime appel à un petit garage du nord de la baie, nous essuyons un énième refus. Encore un. La personne nous explique que son carnet de commande est plein et que de toute manière, un tel chantier ne l’intéresse point. Mais, il y a un mais. Il se trouve que cette personne connaît un type qui intervient pour eux sur certains chantiers extérieurs, et qui pourrait peut-être le faire en mode freelance. Ça ressemblerait bien au début d’une piste ça, qu’en pensez-vous? En tout cas on va s’y accrocher. 


Après avoir pris les coordonnées de cette personne, nous le contactons dans la foulée. Il s’appelle Ernesto. Et il est disposé à prendre le chantier. Quelle bonne nouvelle! Et pour pas cher en plus. $5,000 pour un moteur refait à neuf, pièces et main d'œuvre, voilà ce que ça va nous coûter. On est super contents, et rassurés. Le rendez-vous est pris pour dans un mois. Et ça ne prendra que 48 heures nous dit-il. Incroyable! En attendant son intervention, on reprend le chantier avec du baume au cœur. Yeehaa!


Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes passés par pas mal d’émotions fortes dernièrement, et que notre esprit d’analyse est un peu embrouillé, mais on s’apprête à se lancer dans un projet que nous allons vite regretter. Je crois qu’on peut même parler d’une erreur de jugement. On vous explique. Les fenêtres du bus sont en alu, brut. Et, nous, petits bobos que nous sommes probablement, avons des exigences esthétiques. Nous pensons qu’elles seraient plus jolies en noir. Qu’à cela ne tienne! On va les démonter, les peindre et les remonter. On en profitera même pour appliquer un filtre UV sur chacune d’entre elles. Sur le papier, ça semble faisable, même facile. Mais notre naïveté n’a d’égal que notre inexpérience… Et, toutes deux ne vont pas tarder à se rappeler à nous. En tout cas, sur le moment, l’idée nous paraît tellement bonne. On ne s’interroge pas plus longuement. Hop, c’est parti! On dépose tout, soit les 23 fenêtres. On est fous je vous dis…


La dépose, déjà, c’est pas si facile. Les fenêtres sont collées. Il faut en sortir certaines au pied de biche. Et puis, une fois retirées, il faut retirer le silicone sur les parois, sur la fenêtre, mais aussi sur le bus. C’est vraiment galère. C’est que ça colle! Bien, en plus. Ensuite il faut désassembler les montants et les nettoyer. Imaginez vous 40 ans de pollution et de crasse, ça vous donnera une idée de la corvée. Une fois que c’est fait pour l’ensemble des fenêtres, on passe à la peinture. Nous avons choisi un noir mat. Primaire, première couche, seconde. Vous connaissez la chanson. Il y a 12 montants par fenêtre, et 23 fenêtres, ce qui donne 276 montants à peindre. Youhou! On a improvisé un studio de peinture à l’intérieur du bus. Avec un peu de méthode, on parvient au bout.


C’est maintenant que le fun commence! On s’apprête à poser le filtre UV sur les vitres. Pour ceux qui ne savent pas à quoi ça sert, ça permet deux choses. Premièrement, on gagne en intimité à l’intérieur du bus, ça teinte le carreau et crée un reflet depuis l’extérieur. Ensuite, ça permet de filtrer une partie des ultraviolets provenant du soleil, et donc ça aide à isoler le bus des fortes chaleurs. Par contre, ça se mérite. 23 fenêtres, 46 vitres, c’est du boulot! Il faut laver, sécher, puis passer une lame de rasoir sur chaque vitre pour retirer toute impureté. Ensuite, on vaporise une solution aqueuse, on applique le filtre, on chasse le liquide, et on découpe le filtre. Il faut être minutieux, car en cas d’erreur, les bulles s’invitent vite à la fête. C’est pas dans les standards que nous nous sommes fixés, alors on s’applique! Mais qu’est-ce que c’est long, et répétitif… Un vrai calvaire. On arrive durement à la moitié et on en a ras le bol! On s’occupe d’autres petites tâches à côté pour se changer les idées parce que vraiment on n’en peut plus. Il faut vraiment qu’on prenne sur nous pour aller au bout de ce chantier. Ça y est, on en voit enfin le bout.


Maintenant, nous pouvons ré-assembler toutes les fenêtres, puis les réinstaller sur le bus. On vous épargne les détails du collage, et du rebouchage des trous (pour que le tout soit hermétique). Après trois longues semaines, le chantier fenêtres est officiellement terminé! Et c’est rien de dire que nous sommes contents  que ce soit derrière nous. Petite réjouissance, ça rend vraiment pas mal. Est-ce que ça en valait la peine? D’un point de vue confort, peut-être, d’un point de vue investissement/bénéfice, peut-être moins. Bref, la suite!


C’est au tour d’Ernesto d’entrer en piste. Il est arrivé de bonne heure avec son neveu qu’il forme. Ils ont avec eux les nouveaux pistons, et une nouvelle culasse. On apprend qu’ils ne sont pas du coin. Ils ont pris une chambre d'hôtel. Ils ont prévu deux jours, et ils comptent bien tenir leur planning. À peine le temps de se présenter et de faire le tour du bus qu’ils sortent déjà les outils. Alors on s’écarte et on laisse faire les pros. En début d’après-midi, Ernesto vient nous chercher pour nous montrer quelque chose. Il s’agit d’une bague sur le piston numéro 3 qui est cassée. Le métal est complètement arraché. C’est assez impressionnant. Donc nos suppositions quant à la panne étaient bonnes. Quelque part, c’est rassurant de constater le problème par nos propres yeux. Avec les pistons et la culasse neufs, il devrait retrouver sa jeunesse le Marcel! Finis les toussotements! Le lendemain, dans l’après-midi, Ernesto a fini de remonter les nouveaux pistons et leurs chambres respectives. Il nous invite à regarder le moteur tourner, sans la culasse. On peut voir de quoi Marcel est fait. C’est chouette! Il ne lui aura fallu que quelques heures pour finir ses tests et poser la culasse. À la fin du deuxième jour, le moteur est remonté, et tourne comme une horloge Suisse. Quel pro ce Ernesto! On se dit au revoir, on lui donne son enveloppe remplie de cash, et on les salue en les voyant s’éloigner. Ne reste que les sourires sur nos visages. Ce soir, croyez-nous, on va fêter ça!  

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